Si vous avez déjà lu quelques articles de ce blog vous avez pu remarquer qu’à l’une ou l’autre occasion en parlant de réglages j’indiquait qu’il fallait les faire tout en essayant d’avoir une bonne exposition ou une exposition correcte de la photo. C’est un peu vague tout cela, donc une photo bien exposée, qu’est ce que cela signifie ?
Qu’est ce que l’exposition ?
L’exposition d’une photo est à la base de la photographie (pour rappel photographier c’est le fait d’écrire avec la lumière).
L’exposition désigne la quantité de lumière reçue par la surface sensible de l’appareil photo qu’il s’agisse d’un capteur numérique ou d’un film argentique.
Pour être plus technique, elle est mesurée en lux par seconde et se calcule de la manière suivante :
H = Et
ou H est l’exposition (en lux seconde), E est l’éclairement et t le temps de pose (merci wikipedia ).
Pour faire le lien avec l’article Rappel des bases de la photographie : ouverture, vitesse et sensibilité et la proportionnalité le paramètre E est contrôlé par l’ouverture de mon objectif, t quand à lui est contrôlé par ma vitesse d’obturation / mon temps de pose.
Qu’est ce qu’une bonne exposition, une photo bien exposée ?
Voila une question à laquelle il n’est pas facile de répondre, c’est un peu comme dire ce qu’est une bonne photo.
Une photo bien exposée, est une photo qui a reçu la bonne quantité de lumière et dans laquelle on peut voir du détail dans les zones sombres et dans les zones lumineuses (donc pas d’aplats noirs ou blancs sans aucun détail).
En photographie numérique, cela se traduit théoriquement par un histogramme bien distribué sans pics aux extrémités à gauche ou à droite. C’est assez théorique car pour cela il faut que le sujet photographié présente une large de palettes de toutes les couleurs et sans dominante claire ou foncée.
Photo sur-exposée
Si le capteur reçoit trop de lumière, l’image va être très claire et les couleurs vont sembler délavées, comme par exemple sur cet exemple à droite.
Dans ce cas on dit que l’image est sur-exposée.
Si on regarde l’histogramme de cette photo on voit des pics à l’extrémité droite de l’histogramme, le coté du blanc
Photo sous-exposée
A l’inverse, si le capteur ne reçoit pas assez de lumière, l’image va être très sombre, comme dans cet exemple à droite.
Dans ce cas on dit que l’image est sous-exposée, elle manque de lumière. En regardant l’histogramme, on constate que la plupart des informations de l’image se trouvent du coté gauche, le coté du noir.
Comment bien exposer sa photo ?
Dans les modes automatiques ou semi-automatiques, pour essayer d’arriver à cette exposition “correcte” l’appareil photo va mesurer la lumière de la scène à photographier pour trouver le bon compromis.
La plupart des appareils et réflex actuels proposent différents types de mesure de la lumière :
- mesure pondérée centrale : calcule la luminosité à partir d’une zone située au centre du cadre et pondération du résultat avec une mesure plus globale
- mesure spot : la mesure se fait sur un point, une zone relativement limitée de l’image (entre 1 et 4%). Sur la plupart des appareils, ce point se trouve souvent au centre du cadre mais elle est parfois associée au collimateur autofocus actif
- mesure multi zone : plusieurs mesures simultanées sont effectuées dans tout le cadre puis l’appareil fait une moyenne pour déterminer la meilleure combinaison de diaphragme et de vitesse
Pour savoir exactement comment votre appareil fonctionne pour mesurer la lumière, quelles zones et éléments sont pris en compte ou ont la priorité, le mieux est de vous référer à votre mode d’emploi.
En mode mode manuel, c’est vous le cerveau et le calculateur c’est donc vous qui devez mesurer la lumière pour régler correctement vitesse, ouverture (et sensibilité) et donc obtenir une photo bien exposée.
Cela peut se faire :
- à l’aide d’un posemètre à main, c’est à dire un appareil qui mesure la lumière et vous donne les paramètres à utiliser
- au pif : il y a une règle (ancestrale) qui dit que à midi, en plein soleil, une exposition correcte s’obtient à f/16 et avec une vitesse qui est l’inverse de la sensibilité du film. Donc à 200 iso, en plein soleil, une ouverture de f/16 et une vitesse de 1/200s permettent d’obtenir une exposition correcte. Suivant les conditions (à l’ombre, contre jour, à la plage, …) on ajoute / supprime un diaph comme le montre l’image ci-contre.
Très archaïque mais ca marche plutôt pas mal avec l’habitude … - en utilisant la cellule de mesure de l’appareil. Même en mode manuel, la cellule de l’appareil continue à fonctionner et à donner des indications sur la scène visée.
Les viseurs incluent une règle graduée qui va généralement de –2 à +2 et qui donne une indication de l’exposition de la scène par rapport aux réglages (ouverture/vitesse/iso) actuels. Si c’est du coté du – l’image va être sous-exposée, si c’est coté + elle sera plutôt sur-exposée. C’est juste une indication qui dépend également du mode de mesure de la lumière sélectionné (spot, multizone, …)
Avantage numérique
On a vu plus haut que l’histogramme, dans le cas présent celui de Lightroom, permet d’évaluer la qualité de l’exposition d’une photo.
La bonne nouvelle c’est qu’en numérique, cet histogramme est disponible directement sur l’appareil, pas besoin de rentrer à la maison pour le voir.
Donc quand vous voulez évaluer l’exposition d’une photo, plutôt que de vous baser sur le rendu vu / affiché sur l’écran arrière de votre boitier, pensez à jeter un œil à votre histogramme c’est beaucoup plus précis.
C’est quelque chose qui est assez difficile à faire avec un film argentique
Ne pas toujours croire le dieu histogramme
L’histogramme va donner des informations sur la répartition mathématique des valeurs de couleur, c’est une bonne aide pour arriver à une exposition correcte, du moins d’un point de vue technique, numérique; mais ce n’est pas toujours ce qu’il faut …
Prenons l’exemple de la photo ci-dessous (JPEG en provenance directe de l’appareil, pas de correction, retouche ou recadrage), pour moi elle est plutôt réussie :
Le fond n’est pas trop visible, on voit bien le visage du joueur qui est plutôt content d’avoir marqué pour amener les équipes à égalité.
Donc c’est plutôt positif, pourtant si je regarde cette photo par le biais de son histogramme quelle horreur … j’ai des zones brulées, sur-exposées et mes noirs ne sont pas tout à fait noirs (il y a une marge entre le bord gauche et le début de ma courbe) …
Et si je demande à Lightroom de m’afficher les zones cramées, sans détails (en rouge dans l’image ci-dessous) on se rend compte du “désastre” :
J’entends déjà les puristes hurler et me dire que mes blancs sont cramés, que l’image est mauvaise, … Si j’avais été en studio j’aurais pu effectivement m’arranger pour ne pas bruler le ciel, et déboucher les ombres avec un réflecteur, mais bon … un match sportif se joue rarement dans un studio photo et il n’est pas possible de faire une mise en scène …
J’ai fait un choix, celui d’avoir une exposition correcte pour le joueur et son visage quitte à cramer le client et certains blancs de la photos.
Si j’avais du exposer pour ne pas bruler le ciel, j’aurais du sous-exposer de probablement 2 IL, et dans ce cas mon joueur aurait été dans le noir et on aurait quasiment pas pu décerner la moindre expression sur son visage. Ce n’était donc pas la bonne option selon moi.
Bon choix ou mauvais choix de ma part ? quel est votre avis ? qu’en pensez vous ?
Très bon choix et ton article est très intéressant! Le juste ratio de technique, de théorie et de pratique du terrain (pour un photographe sportif, c’est normal, non?)
Tu dis une vérité qu’on ne devrait ne jamais oublier: la théorie n’est pas toujours à suivre. Un ciel tout blanc, cramé, ça existe (et ça marche) en photo de sport mais aussi en photo + artistique. Henri Cartier-Bresson a plusieurs photos classiques où il n’y a pas grand chose à voir au-dessus de l’horizon… Mesurer pour la droite de l’histogramme fait partie de ces nouvelles tartes à la crème apparues avec le digital. Ajoutons le piqué, la haute résolution du capteur et le bokeh, et nous avons un superbe feuilleté à la crème.
C’est pour les sujets comme ceux-là que le flash est très utile : ça débouche les ombres du premier plan et ça ne crame pas le ciel.
Perso, je trouve que la photo manque cruellement de densité avec son ciel tout cramé.
Philippe, effectivement un flasu aurait permit d’avoir un ciel, mais dans la pratique en photo de sports en extérieur c’est quasiment impossible. Un flash cobra manquerait probablement de puissance et des flashs de studio limiteraient trop la mobilité.
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Bonjour,
Moi j’ai des fois un soucis je sous-expose le premier plan comment y remedier, merci d’avance pour votre réponse
Bonjour,
je ne suis pas certain de comprendre votre problème. Pas facile sans voir d’exemple.
Vous pouvez utiliser la correction d’exposition pour éviter ou essayer de compenser cette sous-exposition de votre premier plan quitte à ce que cela crame votre arrière plan. Comme sur l’exemple de la photo de foot américain dans la fin de cet article.
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